Hassan Aglagal
2019 / 4 / 8
Ils et elles sont 150. Elles et ils sont factrices et facteurs dans le 92, à Gennevilliers, Asnières, Boulogne, Neuilly, Levallois. Nous pourrions les connaître, comme nous connaissons très souvent celui ou celle qui passe six jours sur sept déposer le courrier dans notre boîte aux lettres. Nous pourrions avoir envie de discuter avec l’un ou l’une d’entre eux quelques minutes, pour leur parler de la pluie ou du beau temps, du match à la télé hier soir ou bien parfois d’un sujet plus grave comme nous le faisons avec « notre » factrice ou « notre » facteur. Leur métier nous est familier, car il est « ordinaire » et pourtant tellement essentiel à notre vie sociale, comme l’est celui de millions d’autres travailleuses et travailleurs, qui chaque jour font « tourner la boutique » malgré leur salaire de misère, leurs conditions de travail indignes et des horaires qui rendent malades. Nous ne faisons peut-être pas attention si notre facteur vient à manquer un jour ou deux, mais imaginons qu’il vienne à manquer pendant 365 jours… et que 20 % de ses collègues du département dans lequel nous habitons manquent également à l’appel depuis 365 jours ! On s’inquiéterait, on prendrait des nouvelles, non ?
Alors voilà des nouvelles des 150 facteurs et factrices des Hauts-de-Seine que vous ne pouvez pas avoir vu faire leur métier depuis 365 jours : elles et ils sont en grève ! Oui, en grève, depuis un an jour pour jour. Depuis le 26 mars 2018, ils et elles sont en grève pour faire respecter leurs droits de salarié.e.s, contre la dégradation de leurs conditions de travail et pour la défense du service public postal. Une grève dont le point de départ a été le licenciement de Gaël Quirante, secrétaire départemental du syndicat majoritaire dans le département, Sud Poste 92, parce que ses camarades postier.e.s ont jugé que l’autorisation donnée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, à la -dir-ection de la Poste de licencier un militant syndicaliste n’était pas une attaque contre un seul, mais une attaque contre eux et elles toutes, et finalement contre l’ensemble des salarié.e.s.
C’est une lutte contre une logique patronale qui veut casser leur métier en faisant d’elles et d’eux des distributeurs de tout et n’importe quoi, en déshumanisant complètement leur boulot, en voulant leur augmenter à chaque fois la charge de travail. À-;- l’opposé, c’est une conception du service public basée principalement sur le lien social qu’ils et elles défendent. Depuis un an, la Poste a fait marcher contre ces 150 grévistes, ses vigiles, ses cadres violents, ses commissions disciplinaires, l’É-;-tat a fait marcher ses flics, ses juges… et pourtant ils sont toujours là ! C’est une lutte du pot de terre contre le pot de fer peut-être, mais c’est une lutte qu’on aimerait tous et toutes pouvoir mener et gagner, contre la logique de l’argent qui emporte tout sur son passage, qui flingue les vies et les rapports sociaux, qui flingue la nature et les êtres humains. Ils et elles sont 150 et ils se battent comme s’ils et elles étaient des millions.
Alors ils « tiennent » depuis 365 jours ? Avec des paies à zéro euro depuis le mois d’avril 2018 ? Oui ils et elles « tiennent » ! Ils et elles tiennent parce que des milliers d’autres personnes ont versé à leur caisse de grève mise en place depuis le premier jour de la grève. Et ils et elles font plus que « tenir », elles manifestent, ils occupent, elles bloquent, ils prennent la parole dans des bureaux de poste et dans des assemblées générales, ils interpellent des ministres… Elles et ils débordent d’une énergie dans la lutte créée par la conviction que le monde qu’ils et elles défendent est celui dont nous avons vraiment besoin. Aujourd’hui, il est temps que cette grève soit connue du plus grand nombre : c’est une des grèves les plus longues de notre histoire sociale. Elle nous force à sortir de l’ordinaire comme elles et eux le font depuis un an. Elle nous oblige à une solidarité exemplaire car de cet exemple peut jaillir l’envie de recommencer plus forts et plus nombreux, toutes et tous ensemble bientôt, très bientôt, pour ne plus voir nos vies grignotées par la logique du profit. Versons généreusement à la caisse de grève et écrivons chacun.e une lettre à la -dir-ection de la Poste pour lui -dir-e que nous sommes toutes et tous des Postier.e.s du 92 et que nous allons gagner !
Donnez à LA CAISSE DE GRÈ-;-VE :
-Sur internet : https://www.lepotcommun.fr/pot/kgmfkl66
-Virement : sur le compte SUD POSTE HAUTS DE SEINE : IBAN FR76 4255 9100 0008 0033 2571 214
-Chèques à l’ordre de SUD Poste 92, mention « solidarité grévistes au dos » à envoyer à SUD Poste 92, 51 rue Jean Bonal 92250 La Garenne-Colombes
-International : https://www.lepotcommun.fr/pot/be0v4537
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