« Je », n’est pas un autre, il est ce qu’il est

DARREHMANE BOUDRISS
2015 / 1 / 20

Cela fait plus d un siècle, précisément plus de cent vingt quatre années, que le poète français Arthur Rimbaud a écrit son célèbre vers de poésie: "je est un autre". Ce vers de poésie considéré par maintes critiques littéraires comme nihiliste par le fait qu’il a objectivé l autre et excluant soi, a été érigé la semaine dernière par les spin doctors de la présidence de la république française en une idéologie de masse.
« je est un autre » d’Arthur Rimbaud est devenu « je est Charlie » en effectuant les transformations nécessaires pour modifier le topos du discours. Dans le vers de Rimbaud c’est l’autre qui est Topos et dans le slogan de la manipulation des foules, c’est « je » qui est Topos, autrement dit, c’est « je » qui doit se laisser mener par les foules, de son propre grés.
Arthur Rimbaud, par distanciation à son "je" qu il ne peut pas totalement assumer, a préféré conjuguer ce "je" à la troisième personne du singulier en disant "je est un autre". contrairement à cela, les Spin-Doctors de la présidence française quand à eux ils ont décidé une fois pour toute d’assumer la totalité des actes des journalistes de Charlie Hebdo pour cela, ils ont conjugué le "je" à la première personne du singulier en disant: "je suis Charlie"
Ce n’est pas la première fois que la présidence française se justifie, en ayant recours à la poésie d’Arthur Rimbaud, Jacques Chirac au cours d un entretien donné le 21 septembre 2000, lui aussi pour se justifier des accusations portées contre lui a rendu célèbre le terme abracadabrantesque, qu’Arthur Rimbaud a utilisé dans son célèbre vers « Ô-;---;-- flots abracadabrantesques »
Le terme abracadabrantesques est une formule magique et rituelle que les magiciens modernes utilisent pour invoquer les puissances paranormales et surnaturelles, sauf que cette fois ci les puissances invoquées sont les puissances des esprits surchauffés par le fanatisme de toutes parts.
la réponse immédiate aux attentats de Charlie Hebdo par le slogan "je suis Charlie" n est pas du tout spontanée car elle a fait preuve de travail syntaxique et rhétorique de haut niveau.la structure syntaxique simple du slogan vise en premier lieu l effacement des caractéristiques identitaires individuelles pour les remplacer par les caractéristiques identitaires d’une idéologie que le groupe des journalistes décimé par le terrorisme international ne peuvent soutenir.
L’usage de ce slogan et le recours à son contenu sémantique pour soulever les foules est une idéologie de masse bien réfléchie mais qui ne sera utile que pour le reste du quinquennat de la présidence française.
"Je" n est pas un autre, il est ce qu il est car les idéologies meurtrières sont en train de gagner du terrain et l individu par le besoin de recherche d une carapace protectrice se cache derrière une idéologie. L’identité d un être humain elle est avant tout individuelle et par la suite collective, c est pourquoi les citoyens ne sont ni Charlie ni rien d autre, ils sont tout simplement ce qu’ils sont, c’est-à---dir--e des êtres uniques non conformes aux idéologies passagères des groupes politiques au pouvoir.




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