En Egypte, crise de la démocratie ou des démocrates ?

Elhail Abdelfattah
2013 / 7 / 20



Il n’est plus étonnant des voire les anciens démocrates, dans l’ordre national et international, s’autoproclamer antidémocrates. Est-ce le début de la fin de l’idéologie de la démocratie ?
Face à une Egypte déchirée entre les anciens détracteurs de la démocratie et les autoproclamés non-démocrates, la démocratie se trouve en crise éminente.
Et au nom de la peur et des inquiétudes non justifiées, formulées, contres des partis politiques pro-religieuses, les anciens camarades de la démocratie se déclarent en ce moment antidémocratiques...on ne change pas toujours dans le bon sens…
Ironie de l’histoire ! Les partis politiques pro-religieux en Egypte et ailleurs, réclament, maintenant, fort, à corps et à crie, le strict minimum du respect des principes de la démocratie. Ils s’en font son avocat…Ils sont en plus obligés de la défendre…la légitimité devint leur cheval de bataille…sont-ils devenus, en ce moment, les vraies défenseures de la démocratie ou ses héritiers adoptifs ? A première vue, ils sont devenus plus royalistes que le roi et plus démocratiques que les démocrates…
J.J.Rousseau, notamment, se voit très médiocre et pleurnichard, en pareil circonstances. C’est la profanation non seulement de son tombeau mais aussi de ses brillantes idées …Ses médiocres adeptes se dérobent…Ce qu’il a enseigné n’était que chimère ? Ces propres enfants n’ont plus le droit d’apprendre à ses descendants les vraies valeurs de la démocratie, puisque la souveraineté populaire n’était en fait qu’une supercherie…
Désormais, les dictateurs, les extrémistes de tout bord et les criminels n’ont plus rien à envier chez les pays démocratiques…En ce moment, tout est permis -;- rien à craindre. Plus de démocratie, plus de principes ou de légalité, plus de légitimité non plus…L’ordre et la sécurité inspirés par les idées de la démocratie se révèlent mensonges…On n’a plus aucune raison de se soumettre à l’ordre et à la paix collectifs dès que la démocratie est devenue sectariste…le résultat : retour fort probable en arrière, au désordre national et international…l’Egypte, après l’Algérie, est la preuve irréfutable politiquement, sociologiquement, idéologiquement et culturellement.
Il n’est plus besoin de justifier l’extrémisme, le terrorisme et la dictature -;- ces derniers trouvent leur raison d’être dans le massacre flagrant des idées démocratiques…Qui peut nous faire croire que la religion musulmane, ou autre, est une menace pour l’ordre national et international ? S’aventurer dans ce raisonnement risque de politiser encore plus la religion et religieuser la politique.
Les occidentaux ont choisi leurs camps parmi les antidémocrates, pour écraser les nouveaux héritiers de la démocratie sous les bottes des militaires. Sont-ils en train d’applau-dir- : « démocratie pour nous est méritée et dictature pour les autres est justifié ». Les arabes n’ont-ils pas le droit d’accéder à la démocratie ? Faut-il croire le prof ou son élève ? Et depuis quand la légitimité ne rime plus avec démocratie ? Qui peut nous faire croire que la religiosité d’un parti politique ou d’une masse culturelle évolutive peut nuire à une démocratie ?
Tout ce remue ménage prouve que les adeptes de l’idéologie démocratique n’ont plus de souffle et n’ont plus confiance en eux…Ils veulent nous faire croire que les partis pro-religieux-musulmans, ou autres, sont capables de nuire à l’ordre et la sécurité nationale, régionale et internationale ou de porter atteinte aux valeurs de la démocratie…Foutaise est de croire à cette thèse...la démocraties n’a pas besoin de protection des antidémocratiques…A vrai -dir-e ni la religion ni la démocratie ne peuvent être soumises à une tutelle… La démocratie est une donnée humaine que nulle personne ou entité ne peut se l’approprier, kif kif religion musulmane, chrétienne ou juive. Réduire la religion ou réduire la démocratie ? Cette fois-ci les antidémocrates ont choisi de réduire la démocratie…De cette manière de voire et de faire les choses donne plus qu’une raison à une inflation religieuse dans la comptabilité des démocrates surtout arabes…
L’agonie de la démocratie ouvre l’histoire sur toutes sortes d’imprévisible et d’anarchie, puisque la légitimité, au sens démocratique, n’est plus compatible avec l’Egypte. Vision à double vitesse et tranchant…Ne cachons pas la face -;- disons les choses telles quelles sont : les intellectuelles démocrates, notamment, arabes musulmans, chrétiens et juifs se voient -dir-ectement privés d’instaurer leur propre démocratie…A qui profite le chameau ?

Elhail Abdelfattah, Rabat, le 19 07 2013




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